lundi 29 février 2016

Dans l'or du temps de Claudie Gallay

Résumé

Un été en Normandie. Pris dans les filets d'une vie de famille, le narrateur rencontre une vieille dame singulière, Alice. Entre cet homme taciturne et cette femme trop longtemps silencieuse se noue une relation puissante, au fil des récits que fait Alice de sa jeunesse, dans le sillage des surréalistes et dans la mémoire de la tribu indienne Hopi. La vie du narrateur sera bouleversée devant « la misère, la beauté, tout cela intimement lié ». 


Publié aux éditions J'ai lu en 2006
349 pages




Ce que j'en pense

À chaque fois que je vais dans une librairie, dans une bibliothèque, je regarde s'il n'y aurait pas un livre de Claudie Gallay que je n'ai pas lu. Très souvent, je n'y retrouve que Les Déferlantes ou Seule Venise. Quel bonheur d'enfin trouver un de ses livres non-lus ! Le résumé ne m'attirait pas forcément, mais c'est Claudie Gallay... Je ne pouvais faire autrement que d'acheter ce roman.

Dans l'or du temps raconte l'histoire d'un homme qui, un jour, se rend chez une vielle dame pour une histoire de fraises. C'est banal, ça n'a rien de bien important. Pourtant, le narrateur retourne chez Alice. Encore. Et encore. À chaque jour, puis à chaque semaine. À travers les souvenirs d'Alice et les bribes de vie du narrateur se créé un lien indéfinissable qui les unira pour toujours. 

Alice est une femme intéressante qui a un lourd passé. Aux premiers abords, on ne s'attend pas à toutes ces révélations chocs. On pense qu'Alice n'est qu'une vielle dame solitaire qui vit avec son chat et sa soeur. Mais elle est bien plus que ça. Elle est habitée par une histoire sombre, quoique assez fascinante. Elle est directe et elle arrive toujours à ses fins, je l'ai aimé pour ça. Ses petites pertes de mémoire la rende drôle et attachante. En fait, Alice est ce genre de personne avec qui j'aurais aimé passé un après-midi, m'asseoir et parler.
Le narrateur, tant qu'à lui, est bien différent. Tout d'abord, son nom n'est jamais révélé. C'est comme si Claudie Gallay cherchait à le rendre inatteignable, voire même distant ou froid. L'effet est réussi: j'ai eu l'impression qu'il ne vivait pas dans le même monde que les autres durant ma lecture. Il est père de famille, mais on voit bien que, même s'il dit aimer sa femme et ses enfants, il n'est pas vraiment présent pour eux. Il est là physiquement, mais jamais psychologiquement. Alice lui reproche souvent d'être trop silencieux, de ne jamais répondre à ses questions, mais il finit par s'y faire, par s'y habituer. J'ai appris qu'on ne peut pas changer les autres et je pense qu'Alice le sait aussi.

« Elle avait fait développer les photos des cailloux. Elle me les a montrées. Les cailloux tout seuls et les cailloux avec nous.
- Elles sont belles, n'est-ce pas ?
Je n'ai pas su si elle parlait des filles ou des photos.
Les filles souriaient. Anna aussi.
C'est juste moi. Moi j'étais un peu comme les cailloux. »

La relation que partage ses deux êtres est exceptionnel. Le lien qui les unit est tellement fort. Pourtant, ce lien ne s'explique pas... C'est comme cette théorie du fil rouge: « Un fil rouge invisible relie ceux qui sont destinés à se rencontrer et ce, indépendamment du temps, de l'endroit ou des circonstances. Le fil peut s'étirer ou s'emmêler, mais il ne cassera jamais… » Le narrateur ne peut s'empêcher de retourner chez son amie même si sa femme est attristée par cette situation. Elle pense même qu'il la trompe. Bien sûr, la relation entre les deux protagonistes est bien plus forte que tout ça. Ce qu'ils partagent, ce qu'ils vivent, c'est magique, c'est spirituel, c'est quelque chose qui n'arrive qu'une fois dans une vie. Alors, même si le narrateur est conscient de choisir Alice contre sa famille, il ne peut faire autrement. Il y a certaines choses qui doivent en être ainsi. 

Passons maintenant à cette histoire, ces souvenirs qu'Alice dévoile. Au début, je ne comprenais pas. Et surtout, je n'aimais pas ça. Pour faire court, le père d'Alice est photographe et il décide, un jour, de partir en voyage avec sa fille dans une village indien. Là-bas, ils rencontrent des gens qui vivent pour leurs dieux, pour leurs traditions, pour leur culture. C'est assez complexe et je ne veux pas m'étaler par peur de dire la mauvaise chose. 
Comme je disais, au début, ça me m'intéressait pas du tout. Il y avait des passages qui ne concernaient que l'histoire de ce peuple et je décrochais complètement. C'est la raison pour laquelle j'ai mis aussi longtemps à finir ce roman. Plus tard, lorsqu'Alice en dévoile davantage, j'ai commencé à mieux comprendre et alors, cette histoire m'a paru fascinante. Ma lecture s'est donc mieux terminée qu'elle a commencé. 

Peut-être, qu'à ce moment, vous vous demandez pourquoi j'aime autant les romans de Claudie Gallay. En général, ce n'est jamais pour l'histoire. (Quoique...). C'est pour l'écriture, la plume de cette femme. Les phrases courtes, les chapitres courts, tout est court, mais bien pensé. Tellement bien pensé. Et placé. Les mots sont simples, mais ils ont quand même des effets coup-de-poing. J'arrive à ressentir le mal-être de tous ces personnages, même si leur histoire est complètement différente de la mienne. Je ne saurais expliqué comment Claudie Gallay arrive à faire ça, mais je peux dire que ça m'atteint. À chaque fois.

« - Le couple... C'est étrange n'est-ce pas, tout ce qu'il faut mettre en pratique pour le faire exister... Je n'aurais pas pu survivre à cela. [...] Vous avez tort de quitter Anna.
- Je ne la quitte pas.
- Bien sûr que si vous la quittez... [...] Vous la quittez et vous ne vous en rendez même pas compte. »

Bref, même si je me suis longuement ennuyée durant ma lecture, je suis contente d'ajouter ce livre à mes livres lus. Si vous souhaitez connaître cette auteure, je vous conseille de commencer par Les Déferlantes. Vous ne pouvez vous trouver. Ensuite, L'amour est une île, Seule Venise, Une part de ciel...Vous aurez compris: le choix n'est pas ce qui manque !

★★★☆☆

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