mardi 23 février 2016

Rien de grave de Justine Lévy

Résumé

Tu t'attendais à quoi ? je lui ai dit. Tu crois que ça va être facile de me quitter ? Tu crois que je vais te laisser faire comme ça ? J'ai lancé le cadre par terre, le verre s'est brisé mais comme c'était pas assez j'ai bondi sur le lit et j'ai déchiré la photo [...]. Il a eu l'air triste, plus de la photo déchirée que du fait de me quitter. [...] Je ne savais pas encore que c'était la meilleure chose qui puisse m'arriver, qu'il me quitte. Comment j'aurais pu le savoir ? Il était toute ma vie, sans lui je n'existais pas.

Publié aux Éditions Le livre de poche en 2004
220 pages





Ce que j'en pense

En rentrant chez moi, hier soir, j'ai eu envie de relire ce roman. Juste comme ça. Ou peut-être que j'en avais besoin, aussi. Je pense que j'avais besoin de comprendre certaines choses.

« C'est ce que Pablo dit : peut-être que toute cette histoire m'a bousillée. »

Rien de grave raconte l'histoire de l'auteure elle-même, cachée sous le personnage de Louise, qui s'est fait laissée par son mari. Justine Lévy raconte son histoire d'amour avec un homme, Adrien (dans le roman), qui l'aimait à sa façon, mais qui n'était évidemment pas décente. Surtout, elle raconte comment, avec le temps, elle a réussi à passer à autre chose, à arrêter de l'aimer. 

Le livre commence lors de l'enterrement de la grand-mère de Louise. C'était sa personne préférée, celle qui s'est le plus occupée d'elle. Pourtant, sa deuxième maman est morte et elle ne pleure pas. Ça donne un peu le ton pour ce qui s'en vient: Louise vit avec un grand vide en elle. Elle n'a plus de larmes, elle est vide, son cœur est sec. Elle a eu beaucoup de mal à accepter le départ d'Adrien. Elle a connu la dépression, les problèmes alimentaires, l'addiction à la drogue. Forcément, on ne peut que s'attacher à elle et souhaiter qu'elle s'en sorte, qu'elle oublie cet idiot égoïste qui lui a brisé le cœur. 
En parlant du loup, je ne crois pas que ce soit nécessaire ni pertinent de consacrer un paragraphe à Adrien. Il était gentil, par moments, mais jamais complètement. Il agissait dans son propre intérêt sans jamais en pensant à Louise. C'est le genre d'homme qu'une femme doit éviter. À tout prix. 

Quand je pense à leur histoire d'amour, je me demande si Adrien a déjà vraiment aimé Louise. Il est vrai que l'auteur ne raconte que les mauvais moments, ceux qui ont causés leur séparation, mais tout de même... Il l'a peut-être aimé, mais il n'a jamais fait attention à elle.

« C'était marrant, avant, de discuter avec toi. C'était marrant quand j'aimais tout de toi, toi en bloc, tes faiblesses, tes défauts, je les aimais aussi tes défauts, et j'aimais quand on discutait, j'aimais avoir tort contre toi, et raison avec toi, et t'embrasser, et te couper la parole pour lancer oh là là tu as la peau douce, et jouer au bébé, et jouer à l'adulte, et te mettre un doigt dans ta bouche pendant que tu parlais pour t'énerver un peu, toucher tes dents, te retrousser le nez, te malmener, je t'appartenais, tu m'appartenais, tu le sais bien qu'on était comme ça. »

Sur la quatrième de couverture, il y a une phrase de Patrick Besson qui, je pense, est terriblement vraie. Il dit, « Jamais peut-être l'écriture n'aura autant sauvé quelqu'un ». Je crois que c'est ce qu'il faut retenir de ce roman: Justine Lévy s'est sauvée la vie en écrivant ce livre. Elle a extériorisé le mal, la douleur. Elle a mis fin à cette souffrance qui l'habitait et qui la contrôlait.

Je ne peux parler de ce livre sans parler de la plume, du style de l'auteur. En général, j'ai horreur des phrases longues. Ça me demande trop de concentration, alors je décroche. Mais avec Rien de grave, c'est différent. C'est même l'aspect que j'ai le plus apprécié, à bien y penser. Le style est dur, sec, mais fluide. Les points sont placés aux bons endroits et les phrases longues ont leur effet : c'est essoufflant. Peut-être Justine Lévy était-elle aussi essoufflée après cette relation.

« Oui, peut-être que c'est mieux comme ça, dans le fond. Peut-être qu'il fallait qu'on se quitte pour devenir adultes. Peut-être que c'était le seul moyen de grandir avant de vieillir, de ne pas devenir, un jour, de vieux bébés gâtés. Peut-être qu'il le fallait pour savoir un jour ce qu'aimer veut vraiment dire. Aimer ça ne veut pas dire être pareils, se conduire comme deux jumeaux, croire qu'on est inséparables. Aimer c'est ne pas avoir peur de se quitter ou de cesser de s'aimer. Aimer c'est accepter de tomber, tout seul, et de se relever, tout seul, je ne savais pas ce que c'est qu'aimer, j'ai l'impression de le savoir aujourd'hui un peu plus. »

Bref, à mes yeux, il n'y a rien de négatif avec ce roman. C'est une perle. C'est un livre qui fait du bien, mais qui fait surtout mal. On voit à quel point l'amour est destructeur, mais aussi réparateur. Il fait parti de ces livres qui me marquent, qui me touchent droit au cœur. Je ne pense pas qu'il soit possible, qu'un jour, j'oublie cette histoire.

« Mais quand même : comment est-ce qu'on fait, quand on a si mal, pour avoir l'air content ? »

★★★★★


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